Nos ancêtres à Villers poterie

Villers Poterie - Célébrités

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Visiteurs célèbres

Félicien Rops a visité Villers poterie et en parle dans ses carnets de récits  

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Marguerite Yourcenaer

a rendu quelques visite au chaâteau d'acoz,
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Victor Hugo

est passé sur la place communale , place de villers poterie actuellement

 

Félicien Rops

 

Extraits    de     http://www.fondationrops.org/cahier05.htm

A Henri Liesse

1864

·  ·  ·  Le ton est à la mélancolie dans cette belle lettre adressée à un ami littérateur. Par un nouveau tour de sa verve épistolaire, Rops s’approprie Thozée. Il semble régner sur ces terres depuis des temps immémoriaux. La chasse est décrite comme un véritable rite, une communion avec la nature où s’associent bêtes et gens du pays. Mais plus rien n’est comme avant depuis l’adjudication des chasses et l’invasion des terres ancestrales par les bourgeois tant honnis. La révolte gronde. On prend les armes... et Félicien Rops s’en tire par une pirouette : puisque la chasse est désormais impossible, c’est le motif qu’il traquera désormais en pleine nature !

Ici, rien de nouveau : les grands saules chantent dans le vent et les ormes prennent des airs sombres qui font présager l’automne. Les brouillards lumineux de septembre vont venir et me rappeler les jolis départs de chasse de mon enfance : les chiens lâchés jappent dans les cours, Triquet le garde, déjà couvert de rosée, ayant " fait le bois ", mon oncle guêtré, sanglé et sentant  d’où vient le vent pour savoir s’il faut prendre les marnières ou remonter la grande mailloterie en traversant la Rouge Croix. Où sont les neiges d’antan ? Aujourd’hui les grands bois " sourds " dont nous avions le respect et qui m’avaient vu grandir, et qui me donnaient de grandes poignées de branches aux vacances, sont envahis par les chasseurs du Dimanche, de la rue de la Madeleine, – chasseurs en jaquette vert-pomme et en gants de Suède, dont pas un ne sonnerait le bien-aller, mais en revanche manquent un lièvre au déboulé. – Les sangliers honteux d’être chassés par ces gants sans mollets, et troublés par les chansons d’Offenbach et le bruit des bouchons de Champagne, se sont retirés la rougeur à la hure dédaignant des ennemis où il n’y avait pas de place pour un brave coup de boutoir.

Les braconniers même respectaient " ceux de Thozée " parce qu’ils savaient bien que leurs femmes et leurs enfants malades trouveraient toujours une bouteille de Bordeaux qui leur rendrait du coeur au ventre et leurs joues roses ; qu’on ne faisait pas fourrer en prison le père de famille qui, par une veille de kermesse, tirait un lapin à l’orée du bois ; que nos chevaux de pays – pas des anglais ! – donnaient de bon coeur un coup de collier pour rentrer la moisson attardée du voisin ; que le chariot du château roulait le long des routes pour faire les corvées des pauvres et les charriages d’hiver. Parce qu’enfin nous souffrions de leurs souffrances et que nous vivions de leur vie, que la pluie qui mouillait notre dos trempait leur échine ; qu’ils se ressemblaient bien entre eux , le châtelain guêtré de toile, pas bien riche, même un peu pauvre lorsque les foins pourrissaient dans les pâtis, et ce rude laboureur courbé sous les rafales d’octobre et fouissant au hoyau le schiste des plateaux.

Aussi lorsqu’ils ont vu venir, – après l’adjudication des chasses décidées par les Communes – ces fils de bourgeois, dédaigneux, le lorgnon à l’oeil, parlant gras, marivaudant avec les filles, s’emparer des forêts d’Ardenne, de la Sambre à la Semoy, quelle belle levée de sabots dans les paroisses ! Ceux de Devant-les-Bois et de Pont des Loups, ceux de Bruyère-Corroy et de Matagne-la-Grande, ceux de Villers-Poteries et de Villers en Fagne, ceux de Bruly le-petit et de Bruly-Viroin, les bûcherons de la Marlagne et les charbonniers de la Tiérache, tous ont repris le vieux fusil aux capucines de cuivre, qui avait fait les grandes guerres au temps des grenadiers de Sambre-et-Meuse, et ils ont broussaillé comme au bon vieux temps, battant les taillis en bande, chassant devant eux les gardes et les chevreuils et faisant au-dessus de leurs rochers tournoyer les milans.

Moi, trop jeune pour prendre mon repos, j’ai accroché dans la panoplie, sous la trompe bossuée des grands- parents, qui jadis avait tant sonné la curée, à côté du fusil à baguette de mon père, le bon Lefaucheux dont le damasquinage s’est usé sur mon épaule et qui abattait si vaillamment les bécasses en novembre sous les aulnaies de la mare aux Pies.

Et voilà comment mon Cher ami je me suis fait paysagiste et pourquoi je vous faisais sécher sur pied par 36 degrés de chaleur dans la vallée de la Biesme !

A bientôt n’est-ce pas ? Je vous écrirai d’ici là – Je vous serre bien la main. Paul fait de même et ma femme vous remercie de votre bon souvenir et vous engage à revenir

 

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Date de mise à jour : dimanche, 08. février 2009 20:33

 

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