En cartouche: "ACOZ "

Vue prise vraisemblablement de l'est.

Extrait de l'Albums du duc Charles DE CROY

Lorsqu'on descend la rue de la Tour octavienne, qui longe le château où vécut Octave Pirmez, et qu'on se dirige vers Acoz, il faut un puissant effort d'imagination pour gommer du paysage les apports de l'ère industrielle: un chemin de fer désaffecté, une route, des maisons sans caractère. Il est possible alors de retrouver dans ses grandes lignes, le site qu'a vu Adrien de Montigny: le ruisseau d'Acoz, affluent de la Sambre, le pont qui le franchit, le village étalé sur la colline dont l'église occupe presque le sommet.

Le peintre a représenté ce qui, à l'époque, n'était qu'une simple chapelle, le siège paroissial se trouvant à Gerpinnes. Dépourvu de tour, ce petit sanctuaire a des pignons plats et une toiture d'ardoise en bâtière recouvrant trois travées.

Au bord du ruisseau, le moulin à eau, sous couverture d'ardoise, est mentionné dans le Terrier. Au premier plan, à droite, deux bâtiments de pierre, d'importance inégale, doivent former un ensemble. Le premier, plus bas, est percé seulement d'une porte dont le linteau droit est soutenu par des jambages; une dame, dissimulée dans l'embrasure, observe les passants. Le second ne s'ouvre qu'à l'étage par deux fenêtres carrées à traverse. Au pignon s'appuie une annexe au toit de chaume. Nul doute que c'est la "maison" du Seigneur, embryon de ce qui deviendra plus tard le château. Les autres habitations, bien que construites en colombages, sont de belle taille.

En 1586, le maître de forges Antoine Marotte avait acquis la seigneurie hautaine, ce qui lui donnait le pouvoir de faire juger les crimes et d'exécuter les sentences. Un gibet dressé sur la colline le rappelle ici de bien macabre façon.

La peinture n'a marqué aucun intérêt pour les trois " usynes ", les deux marteaux et le fourneau qui animaient Acoz. On travaillait sept jours sur sept, sans jamais chômer, hormis l'absence d'eau ou de commande, car il était impossible de " cesser l'ouvrage du feu au fourneau " . En 1591, un bon ouvrier y gagnait trois florins par semaine, soit 8 sous et demi par jour, à peu près ce que recevait, en ville, un charpentier ou un maçon (Informations judiciaires, n° 83).