La Tour Octavienne                         Décembre 1999

Bâtiment d’Acoz…

 Dépêchez-vous Mathilde il est peut-être encore temps.

Aude ANTOINE  -   Julie DECLERCQ

 Acoz, voilà une charmante petite localité peu connue et qui pourtant mériterait de l’être.

Située à 8 km de Charleroi et à un peu moins de 8 km de Châtelet, elle se repose sur le versant d’une colline tandis que ses frondaisons se mirent dans le capricieux ruisseau d’Acoz, un affluent de la Sambre. Fusionné avec Gerpinnes, le village compte environ 1850 habitants …

Un certain Octave…

Octave PIRMEZ  né le 19 avril 1832 à Châtelet et décédé le 1 mai 1883 à Acoz,  écrivain, poète, philosophe, solitaire mélancolique était très attaché à l’observation du monde des hommes. Fils de Benjamin PIRMEZ et d’Irénée DRION, il entreprend des études de droit à l’université de Bruxelles. C’est au château d’Acoz que sa mère a acheté qu’Octave écrit son premier livre «feuillée » qui connaîtra plusieurs éditions jusqu’en 1881. Son deuxième livre s’intitule «jours de solitude ». En 1872, son frère cadet se tue en maniant une arme qu’il croyait déchargée. Son aîné lui consacra son dernier ouvrage   «Remo »  où il rappelle la grande affection qui le rattachait à ce garçon de 28 ans dont il ne veut pas qu’on oublie la mémoire. Et c’est en 1875 que l’écrivain bâtit la tour surnommée aujourd’hui  la Tour Octavienne.

La tour Octavienne   

C’est sur le chemin de Villers-Poterie que se dresse cette  tour carrée, la Tour Octavienne.

La tour est percée de nombreuses ouvertures irrégulières et surmontée d’une flèche originale avec une lanterne couronnée d’une boule et d’un épi. De nombreuses inscriptions latines, le nom de la tour et ses devises préférées sont gravés dans la pierre des murs, elles le furent par la main d’Octave. A l’intérieur, elle est démunie de plancher. La tour comporte trois étages. Chaque étage ne comprend qu’une seule pièce. On communiquait d’un étage à l’autre par une échelle et par un escalier extérieur. On repère (d’après les vieilles poutres) un encadrement de bois vestiges d’une trappe. En fait, cette tour pourrait très bien se situer entre le pigeonnier " du 18e et le donjon de guerre du 12e " !

Au fil du temps

Cette tour, abandonnée depuis la mort du constructeur, n’a pas d’architecture bien précise, elle est une fantaisie d’un philosophe écrivain qu’était Octave…

« Chaque élément, nature ou architecture dessiné par Dieu ou par l’homme, mais laissé au caprice du temps, chaque élément dis-je porte en lui une double signification, l’une accessible au commun, l’autre aux initiés. Ainsi en est-il de la tour Octavienne » 

Octave PIRMEZ

Restaurée pour le centième anniversaire de l’écrivain elle sombrera de nouveau dans l’abandon.

Il y a longtemps, une association s’est formée, «la tour des Arts » qui avait pour but de restaurer la tour. Une fois restaurée, elle deviendrait un lieu de rencontre et de retraite pour des artistes.

En 1991 le baron Édouard PIRMEZ, arrière-neveu d’Octave qui possédait la tour déclara qu’il  n’envisageait pas de la restaurer. Depuis lors, les dégradations se sont accélérées.

Il ne subsiste plus que les quatre murs extérieurs et quelques poutrelles qui maintiennent les murs rattachés ensemble

Très vite des problèmes de sécurité se sont posés. Une pétition remise à l’administration communale scella définitivement son sort.  Restaurer ou démolir étaient les solutions proposées.

 Victor Hugo s’y est arrêté, Marguerite Yourcenar la connaissait très bien, le roi Albert I° est venu fêter le centième anniversaire

Aujourd’hui

Trop tard Mathilde...

lieu de rencontre des amoureux, lieu de promenade où peut-être vos ancêtres ont flâné,

vous ne pourrez plus voir cette tour ,

en février ils l’ont rasée…

Décembre 1999